jeudi 12 avril 2012

Un petit cochon têtu face aux Bébés lecteurs

Ce conte de randonnée est illustré par un raconte-tapis de la Bibliothèque départementale des Yvelines.
Une bonne femme avait un beau cochon, elle l’emmène dans la forêt pour le nourrir des glands dont il raffole, le cochon se gave tant et plus et quand vient l'heure du retour, il refuse de rentrer. Pour parvenir à ramener l'animal au bercail, la bonne femme s’en va  trouver tour à tour : le chien, le bâton, le feu, la rivière, la petite vache, le boucher et le bourreau, et ce jusqu’à la chute finale...

Ce raconte-tapis est basé sur le livre :
Le petit cochon têtu, de J-L. Le Craver et Martine Bourre
Editions Didier Jeunesse - 2000
La randonnée du petit cochon récalcitrant est très répandue en Angleterre. La présente adaptation s’inspire cependant d’une version alsacienne publiée au XIXe siècle. Un conte en boucle, auquel participe allègrement les jeunes lecteurs.
Les contes de randonnée (énumératifs) étaient utilisés pour rythmer les marches en groupe, et parfois chantés. 

Ce matin nous avons choisi Gentille alouette, l'une des chansons répétitives les plus connues des étrangers qui s'initient au français ... 


Et pour le second temps de notre séance, la bibliothèque a présenté une collection de livres animés ("pop-up") - des livres spectaculaires à partager, mais à manipuler avec un adulte, tant ils sont délicats ! 
Nous remercions la Bibliothèque Départementales des Yvelines pour son soutien et pour les outils qu'elle a mis à notre disposition - raconte tapis et
livres animés
.














dimanche 8 avril 2012

Le temps de l'enfance

Tantôt nostalgique, tantôt grave, le sujet de la soirée aura suscité émotion et indignations.

*La solitude des nombres premiers, de Paolo Giordano
Editions Points – 2011

Prix Strega 2009 (le Goncourt italien)
Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes...
Alice est une jeune fille anorexique, handicapée par un accident de ski dont elle rend son père responsable. Mattia est un jeune autiste surdoué des mathématiques, qui se scarifie les bras pour se punir d’avoir abandonné sa sœur jumelle attardée mentale, dans un parc. Entre automutilation et anorexie, leurs corps portent les stigmates des fêlures, meurtrissures et autres non-dits de leur prime jeunesse. Solitaires, ils vont s’engager dans une relation asymétrique, entre fugues et retrouvailles, entre amour et haine.
Ceci est la première incursion de l’auteur, jeune mathématicien de 26 ans, dans le monde littéraire. Une réussite pour ce roman qui nous fait mieux comprende le mal être de l’adolescence - AML

Les Ritals, de François Cavanna
Editions Le Livre de Poche – 1980

Au premier abord le style familier peut être dérangeant, puis au fil des pages on s'habitue et on ressent exactement le message que veut faire passer l'auteur. Les lecteurs de Charlie Hebdo le reconnaîtront, bien sûr, mais ils seront peut-être surpris d'y découvrir tant de tendresse.
Dans le plus pur style d'un gamin de banlieue, Cavanna raconte son enfance à Nogent, sur les bords de la Marne. Il se rappelle en vrac les meilleurs moments de son existence d'avant seize ans, à une époque plutôt joyeuse malgré la guerre qui pointe à l'horizon. C'est sincère, drôle et émouvant, et par ailleurs fort bien construit. On voudrait bien, comme lui, pouvoir se raconter enfant avec les mots de cet âge là.
Un vécu qui m'est très familier - PA

Les doigts pleins d’encre, de Robert Doisneau et François Cavanna
Editions Hoëbeke – 2007

De très belles photos noir et blanc des années 1950 (Paris et sa proche région) signées Doisneau et présentées par un texte sobre, amical et empreint d'une certaine nostalgie.
La dédicace du grand photographe donne le ton : "Pour les derniers de la classe et les premiers dans la rue."
Des images où nous nous retrouvons, à partager ce soir... - PA

*La vie devant soi, de Romain Gary (Emile Ajar)
Editions Gallimard – 1982

Quand Gary, vieillissant et massacré par les critiques littéraires qui le trouvent ringard, se dédouble en Ajar, le succès est immédiat. Ce livre a remporté le Goncourt 1975, inscrivant son auteur dans la légende, puisqu'il est le seul à avoir décroché deux fois le prestigieux prix.
Momo ne connaît pas son âge, mais il connaît le "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" et, conformément à ce droit sacré, Madame Rosa, ancienne prostituée reconvertie en nounou pour "enfants de putes", n'est pas obligée d'aller à l'hôpital… Il va donc tout mettre en oeuvre pour la préserver contre l'acharnement thérapeutique. Il sait que sans l'amour qu'elle lui infuse, sans l'amour qui déborde de son propre cœur, la vie serait une lutte perdue d'avance pour les petits pensionnaires de la rue Bisson, à Belleville.
Un roman triste et drôle - BB
Un de mes livres préférés : dans la peau d'un enfant, lourd de sens, riche et très bien écrit - CP

Le Petit Prince de Belleville, de Calixthe Beyala
Editions Albin Michel -1992

L'auteure nous dresse une chronique de la vie de Belleville, à travers le regard d'un enfant. Elle mêle le rire et l'émotion, et nous donne à voir une communauté noire mulsulmane, prise entre la nécessité de s'intégrer et celle de préserver ses racines.
Ce livre m’a ennuyée... Toutefois le sujet de la condition des femmes y est très bien traité - CP


*Quand j’avais cinq ans je m’ai tué, de Howard Buten
Editions Points – 2000

Qui mieux qu' Howard Buten, psychologue clinicien, pouvait parler d'un sujet aussi grave ? Grave, car une hospitalisation en clinique psychiatrique, même lorsqu'elle répond au doux nom de "Les Paquerettes", est grave.
L'originalité du livre tient au fait que le narrateur Gil est un garçonnet qui raconte les faits et les jours, avec ses mots à lui. Quelle est sa réalité ? Quelle est celle des adultes ? Le premier avait des rêves, son amour pour Rebecca qui cognait fort dans son coeur, ce que les autres étiquetteront symptomes. Malentendu sur la découverte de la sexualité ou crime passible d'enfermement ? On imagine le pire tout au long du récit (meurtre, accident grave, agression ...), avant de s'apercevoir que la réalité est bien loin de tout ça.
Quel décalage entre le monde de l'enfance innocent et pure et celui de l'adulte ! Un récit cinglant et drôle - VD

Enfances, de Françoise Dolto
Editions Seuil – 1999

A la demande de sa fille qui veut "garder des souvenirs de sa drôle de mère", Françoise Dolto, célèbre psychanalyste d'enfants, raconte sa propre enfance et sa jeunesse. Elle retrace non seulement le début de sa vie dans le cadre d'une famille très comme il faut, mais relève entre mille anecdotes savoureuses, vives, drôles ou tristes ce qui construit ou détruit un enfant. D'où sa vocation précoce, lorsque adolescente elle disait déjà vouloir être "un médecin qui sait que, quand il y a des histoires d'éducation, ça fait des maladies aux enfants, qui ne sont pas de vraies maladies, mais qui font vraiment de l'embêtement dans les familles et compliquent la vie des enfants qui pourrait être si tranquille". Loin des écrits théoriques, un témoignage autobiographique très libre et passionnant.
Je suis une fervente admiratrice : entre le rejet total d'autorité des années 1970 et le retour autoritariste actuel, Dolto incarne une troisième voie.  - BF 

Oscar et la dame en rose, de Eric-Emmanuel Schmitt
Editions Reclam Philipp Jun. – 2004

"Oscar, dix ans, vit ses derniers jours dans une unité de soins spécialisés où il est traité pour un cancer inopérable. Sur les conseils de sa visiteuse, Mamie Rose, il accepte d’écrire à un Dieu auquel il ne croit pas, mais à qui il confie son quotidien, ses douleurs, ses petites joies. Sous sa plume, toute la tendresse qu’il porte à Mamie Rose, l’incompréhension qu’il ressent envers ses parents, son amitié avec les autres pensionnaires,... Avec une honnêteté hors du commun et un humour à toute épreuve, la dame rose va aider Oscar à y voir clair dans sa courte vie, à en cerner l’essentiel, et à en vivre le meilleur. Oscar, quant à lui, avec sa sincérité d’enfant et sa lucidité de condamné, nous délivre un beau message d’espoir."
Ce livre est le troisième volet de la trilogie intitulée "Le Cycle de l’Invisible". Après "Milarepa", consacré au bouddhisme, et "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran", dédié au soufisme, il donne une nouvelle approche du christianisme.
Une très beau roman - VB

*Montedidio, de Erri De Luca
Editions Gallimard – 2003

La colline de Montedidio est un quartier populaire de la ville de Naples. Le narrateur a tout juste treize ans quand il quitte l'école pour entrer chez Mast'Errico, comme apprenti menuisier. C'est une maigre paie qui s'ajoute le samedi dans cette humble famille de dockers. Dans la même boutique de menuiserie travaille don Rafaniello, un vieux juif bossu, cordonnier exceptionnel, rejeté sur les rives napolitaines dans la tourmente de la dernière guerre. En même temps que le narrateur vit son premier amour avec la jeune Maria sa voisine, se noue une amitié forte avec le cordonnier. Un quotidien émaillé d'expressions et de traditions napolitaines. Et c'est entre la boutique, le rabot, le lancer de boomerang, les premiers émois sexuels et les discours du vieux sage, dans les creux de ces épisodes parfois anodins, que le narrateur fait l'épreuve de la vie, et de la mort. Des moments brefs, évoqués simplement comme s'ils resurgissaient dans la mémoire du héros devenu âgé.
Un écriture très séduisante, poétique, imagée et savoureuse. Une première rencontre avec cet auteur que j'ai envie de retrouver - NM

Vanka, de Tchekov
Illustration de Mariana Zanetti  

Vanka est une célèbre et très courte nouvelle de Tchékhov, écrite en 1886, dans sa jeunesse de médecin, pour un périodique, comme un "conte de Noël".
Vanka est un petit orphelin, qui vit avec un grand-père qu'il chérit, mais celui-ci, devenu trop vieux, doit se résoudre à le placer comme apprenti. Mal traité, le garçonnet se confie dans une lettre qu'il enverra à son grand-père. Sur l'enveloppe, il porte les mentions suivantes : dans mon village, à mon Papi,...
Notre lectrice s'est remémorée cette nouvelle lue à l'école en Russie, et qui avait fait pleurer tous les enfants...
J'aime par dessus tout l'économie de la chute... - MM

*Pas facile de voler des chevaux, de Per Petterson
Editions Gallimard – 2008
Au soir de sa vie, Trond Sander se retire dans une petite maison près d'un lac, au nord-est de la Norvège. Son rêve de quiétude et de solitude est en passe de se réaliser, mais un soir il rencontre son voisin Lars. Cette rencontre le replonge dans l'été de ses quinze ans, en 1948. À cette époque, en vacances seul avec son père, il retrouve son camarade Jon. Ensemble, ils " volent des chevaux ". Une fois pourtant cela se termine mal… Trond se souvient de l'effroyable accident survenu dans la famille de Jon, du passé insoupçonné de son père, révélé par un voisin ; il ne se doutait pas alors que les événements dramatiques survenus pendant la Seconde Guerre mondiale allaient jeter leur ombre sur sa famille et lui ravir son père.
Pas facile de voler des chevaux est un livre d'une intensité dramatique rare, habilement construit autour des secrets des personnages principaux.
Un beau style, retenu et pudique. Une description de la lumière, de l'eau et de la forêt, absolument superbe. Un livre que l'on ne se lasse pas de relire - GA

Histoires d'enfance, édité par Sol En Si (Solidarité Enfants Sida)
Éditions Robert Laffont - 1998

Un ouvrage réalisé au profit de Sol en si.
Dix-sept romanciers avaient, pour l'occasion, rédigé chacun un texte inédit évoquant courage, insolence, émerveillement ou toutes ces choses qui peuplent l'enfance.  Des auteurs prestigieux : Pascal Bruckner, Michel del Castillo, Paulo Coelho, Dan Franck, Max Gallo, Nancy Huston, Christian Jacq, Alexandre Jardin, Marc Lambron, J. M. G. Le Clézio, Claude Michelet, Jean-Pierre Milovanoff, Jean d'Ormession, Daniel Picouly, Yann Queffelec, Jean Rouaud et Pascal Roze.
Une invitation à découvrir quelques auteurs qui me restaient pour certains inconnus, et une petite préférence avouée pour "Laïka mon amour" de Daniel Picouly, où un garçonnet de 9 ans, qui voudrait avoir "une poule", s'efforce en vain d'attirer l'attention des filles... - HL 

Le thème de notre prochaine rencontre, vendredi 4 mai, sera :
"Le livre que vous avez toujours voulu lire et que vous avez laissé de côté, pour de bonnes ou de mauvaises raisons..."

  *Les titres précédés d'une astérisque sont disponibles à la bibliothèque.

jeudi 5 avril 2012

La différence


Le thème de la séance nous a été dicté par le kamishibaï que nous avions retenu à la Bibliothèque Départementale.
Solo pour 10 oreilles, de Benoît Couchepin, illustré par Marie Antoinette Gorret

Amédée n'a pas l'oreille musicale, Gioacchino dort sur ses deux oreilles, Belà laisse la musique rentrer par une oreille et ressortir par l'autre, Ludwig fait la sourde oreille et Giuseppe a l'oreille du chef.
Honnêtement,
 ce quintette d'éléphants bariflote plutôt qu'il ne joue de la musique !
Du moins jusqu'à l'arrivée de Solo, le malin petit singe qui lui n'a qu'une oreille... 

Ce conte aborde le thème de la différence et du handicap auditif, mais l'on s'amuse des aventures d'un quintette d'éléphants cacophonique, qui ne sont qu'un plaidoyer pour l'écoute et le respect de l'autre...


Notre Papa conteur ne s'est pas laissé désarçonner pour autant, et c'est par une histoire de cow-boys et d'indiens qu'il a choisi d'illustrer le thème du jour.
Son coq tenait cette histoire de son propre père, qui avait été élevé par des indiens. C'est donc sous le point de vue des indiens qu'elle lui a été rapportée.
Une histoire qui se démarque des récits habituels, où les blancs sont les gentils et les indiens les méchants. Une histoire où l'on comprend que les blancs ont abusé des indiens et se sont emparé de leurs terres, pour finalement les parquer dans ce qui constitue aujourdh'ui des réserves...


Un troisième conte, en lecture à voix haute, a joué sur un autre registre : 
Le petit Cheval et le Vieux chameau, de May d'Alençon, Andrée-Paule Fournier, et al.
Editions Flammarion - Les mini Castor
Où un petit cheval, qui suscite l’admiration de tous, piaffe d’impatience d’entamer sa première traversée du désert et se rit du vieux chameau placide, accroupi près du mur…. Mais le désert n’est pas une mince affaire. Le fringuant petit cheval en fera les frais et, sans celui qui deviendra son cher vieux chameau, jamais il n’y serait parvenu…
Un très joli conte dont je vous passe les détails, mais qui est remarquablement écrit et que je vous recommande chaudement.