dimanche 16 mars 2014

On parle argent au Cercle de lecture

Dominique a introduit la séance en retraçant brièvement l’histoire du franc, et en soulignant le rôle de la monnaie. Il nous a aussi dévoilé deux-trois curiosités du système bancaire, un sujet qu’il connait bien… 

La légende du franc, de Georges Valance
Ed. Flammarion - 1998
La synthèse de six cents années de destin du franc, racontée comme un roman. 
Le franc a partagé les gloires et les vicissitudes de la France : né le 5 décembre 1360 à Compiègne et il a été condamné à mort le 10 décembre 1991 à Maastricht. C’est en changeant de siècle que la France a changé de monnaie, mais pour Georges Valance Maastricht et l'union monétaire étaient la seule voie permettant d'échapper à une domination du mark sur l'Europe…
Je relis ce livre pour la troisième fois, c’est vous dire tout le bien que j’en pense - DG

A ce qu’il paraît, l’argent viendrait après la santé, la famille, l’épanouissement personnel, l’amitié et la vie professionnelle. Le livre qui suit nuancera ce propos...
L’égalité c’est la santé, de Richard Wilkinson
Ed. Demopolis – 2010
Epidémiologiste, l'auteur expose dans cet ouvrage riche en données et en diagrammes les travaux historiques, sociologiques et anthropologiques qui permettent d’établir de façon rigoureuse les relations de causalité entre les rapports de domination et la dégradation de la santé.
Non seulement les inégalités sociales sont préjudiciables à la santé des personnes défavorisées, mais elles entraînent une dégradation de celle de toutes les classes, et cela dans tous les pays ayant atteint un certain niveau de développement. La solidarité profite aux pauvres quand la coopération l’emporte sur la compétition, mais elle profite également aux catégories plus aisées, qui se portent mieux quand l’éventail des disparités est réduit. Racisme, xénophobie et sexisme, sont eux aussi associés aux injustices sanitaires. Dès lors, il n’est plus paradoxal de constater que, là où le sexisme pèse le moins sur la condition féminine, les hommes se portent mieux.
En Anglais, le sous-titre du livre est « Comment rendre les sociétés malades plus saines ? » L’accroissement de l’espérance de vie passe par la réduction des inégalités sociales, pour les riches comme pour les pauvres. La réponse est on ne peut plus claire - SV

Dans un tout autre genre :
Touchez pas au grisbi !, de Albert Simonin
Ed. Folio - 1953
Le petit Frédo a eu tort d’annoncer qu’il allait refroidir Riton. Total : c’est lui qui s’est fait effacer. Du coup, le Riton a au derche non seulement les condés, mais encore l’ancien porte-flingue de Frédo, Angelo, un sournois adepte du défouraillage à la surprenante. Son vieux pote Max-le menteur flaire l’embrouille. Car il a pigé : Angelo veut rafler tout le grisbi affuré par Riton et Max, dans leur dernier coup d’arraché. Et ces messieurs étant assez nerveux du calibre, ça sent la mise en perce imminente.
« L’art clandestin qui pénètre dans ce roman naît beaucoup plus de la langue qui le distingue que des chocs qui ont pu émouvoir l’écrivain », écrit Pierre Mac Orlan en préface de ce classique de la littérature argotique, couronné à l’époque par le prix des Deux Magots. On ne saurait mieux dire. Mais de nos jours, comment prendre pareille œuvre au sérieux ? Mieux vaut revoir au cinéma le diamant noir qu’en a tiré Jacques Becker – SW

*Les privilèges, de Jonathan Dee
Ed. 10 - Coll. 10/18 – 2012
Adam et Cynthia ont tout pour eux. Mariés à la sortie de la fac, ils forment un couple parfait auquel rien ne résiste. Vingt ans plus tard, Adam est devenu un cador de la banque d'investissement, Cynthia une alcoolique mondaine aux goûts de luxe et ils sont plus seuls que jamais. Des relations inexistantes avec une famille quasi reniée, une intimité de papier glacé, des êtres humains prisonniers de la machine à succès qu’ils ont créée, des enfants liés à leurs parents par leurs seuls relevés de carte de crédit. Une brève lueur d'espoir se fait jour vers la fin du livre, quand le fils tente de se dégager de l’emprise de cet argent tout puissant.
Plutôt réussi. A signaler, le passage traitant du rapport de l’art et de l’argent : à propos d’art brut (un terme inventé par le peintre Jean Dubuffet pour désigner les productions de personnes exemptes de culture artistique), il y est stipulé qu’une œuvre d’art acquiert automatiquement une valeur du simple fait qu’une galerie la met dans le monde… - AML

*La constance du jardinier, de John Le Carré
Ed. Le grand livre du mois – 2001
Tessa Quayle, jeune et belle avocate anglaise, a été sauvagement assassinée dans le nord du Kenya. Son compagnon et amant supposé, médecin africain d'une organisation humanitaire, a disparu. Justin, l'époux de Tessa, diplomate de carrière au haut-commissariat britannique de Nairobi et jardinier amateur, se lance dans une quête solitaire à la recherche des tueurs et de leur mobile. Sa quête l'entraîne à Londres, à travers l'Europe et au Canada, pour finalement le ramener en Afrique sur les lieux même du crime. Une odyssée où se trament les sombres machinations de multinationales pharmaceutiques, et où se nouent d'étranges alliances politiques.
Quelle est la part du romanesque dans ce roman ? Qu’est-ce qui est le plus important pour une multinationale : l’argent ou la vie des personnes ? Et si la réponse fournie par le roman rejoignait la réalité, exposée dans le livre qui suit…CP

La fabrique du mensonge : comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger, de Stephane Foucart
Ed. Denoël - 2013
Confrontés aux faits, les industriels utilisent le discours scientifique comme un instrument de propagande pour instiller le doute. Les fabricants de tabac sont les premiers à avoir recruté des faux experts afin de convaincre que le tabac n'est peut-être pas responsable du cancer du poumon. Les mêmes procédés ont été remis au goût du jour pour dédouaner l'amiante de ses méfaits, relativiser ou nier le réchauffement climatique, faire du déclin des abeilles un «mystère» sans lien avec les nouvelles générations d'insecticides. Ils sont également à l'œuvre dans l'affaire du bisphénol A, l'un des plus graves scandales sanitaires de ces dernières décennies. Quant au «débat» sur les OGM, cela fait bien longtemps qu'il n'a plus rien à voir avec la science. Les intérêts en jeu sont trop colossaux pour laisser les chercheurs s'exprimer librement... 

*Largo Winch (16 tomes…), de Philippe Francq
Ed. Dupuis
Nerio Winch, un vieil homme d'affaires à la tête d'un empire financier de dix milliards de dollars, n'a ni enfants ni héritiers potentiels. Il décide alors d'adopter secrètement un orphelin yougoslave du nom de Largo Winczlav pour assurer la continuité de son groupe. Lorsque Nerio meurt assassiné, Largo, âgé de vingt-six ans, hérite donc de toute sa fortune et se retrouve à la tête de l'énorme empire financier qu'est le Groupe W.
Tractations, coups montés, OPA, action, magouilles, détournements sont les ingrédients de sa nouvelle vie dans l'univers de la haute finance.
Attiré, dégoûté ou subjugué par tous ces milliards, rattrapé par le passé et luttant contre un avenir trop néfaste, le play-boy milliardaire vit des aventures palpitantes avec ses amis, Simon Ovronnaz, ex-voleur, et Freddy Kaplan, aviateur monégasque d'origine israélienne.
On ne parle que d’argent ! La série est vraiment très distrayante – VD

*L’avare, de Molière
DVD, mise en scène Jean-Claude Idée – 1999
Le thème du jour m’a donné une belle occasion de voir cette pièce pour la première fois. Le Français n’est pas ma langue maternelle et le texte a quelque peu vieilli. Le DVD m’a paru plus accessible, mais les références historiques m’ont fait défaut et j’ai donc pallié ce manque par ce livre sur Molière qui vaut d’être signalé.
*Molière et ses personnages, de Thierry Colignon et Christine Monnet
Ed. Mango – 1999
L'histoire de l'écrivain français sans doute le plus célèbre et peut-être le moins connu… Rares sont les auteurs dramatiques dont les personnages ont eu la faveur de voir leur nom devenir commun. Dans ce domaine, Molière bat tous les records : chacun sait ce que sont un don Juan, un Harpagon, une précieuse, un M. Jourdain ou un misanthrope. Pourtant que connaît-on de sa vie et du théâtre à son époque ? 

L’île au trésor, de Hugo Prat
Ed. Casterman – 2010
Je revois parfaitement, comme si c'était hier, mon père sortant un petit livre noir d'une grande poche de sa vieille saharienne comme par enchantement ; il me le donna et me dit avec un sourire mélancolique : " Toi aussi, un jour, tu iras chercher ton île... Ne t'en fais pas si tu ne la trouves pas tout de suite ; il y en a beaucoup, tu la rencontreras le moment venu. " C’était la dernière fois qu’Hugo Pratt voyait son père, et ce livre était « l’île au Trésor » de Stevenson.
En 1965, avec Milo Milani, il terminait une version graphique de ce livre qui a su inspirer tant d’interprétations. Cette transposition magnifique a été rééditée récemment, complétée d’un second ouvrage « Enlevé » du même auteur.
Pour apporter la richesse, l’argent doit circuler, et qui d’autres que les pirates l’ont fait circuler avec autant de rapidité, s’en emparant rapidement et le dépensant tout aussi vite une fois à terre. Difficile à dire si l'argent fait le bonheur, mais la lecture de cette transcription des aventures inspirées par l’avidité des hommes est un pur moment de bonheur - MM

*L’ivresse de la métamorphose, de Stefan Zweig
Ed. Belfond / Livre de Poche – 1984
Christine, modeste employée des Postes, a vu mourir son père et son frère. L'invitation impromptue d'une tante d'Amérique, riche et fastueuse, achève de la révolter contre la médiocrité de sa vie, sentiment qu'elle partage bientôt avec Ferdinand, ancien combattant, mutilé, devenu chômeur. Le couple s'enfonce dans une désespérance qui semble se résoudre par un suicide à deux...
Oeuvre posthume de Stefan Zweig, le livre nous transporte dans l'Autriche de l'entre-deux-guerres, déjà convoitée comme une proie par Allemagne nazie. 
On est glacé d’effroi quand arrive l’idée du suicide du couple, en tout point semblable à la fin que s’infligeront l’auteur et son épouse. Ce sont deux textes mis bout à bout, mais écrits à dix ans d’intervalle. La première partie, très artificielle, ne m’a pas convaincue. La seconde partie est bien supérieure, l’auteur y excelle dans la noirceur et la désespérance, mais ça ne vaut pas un bon Stefan Zweig - GA

*Le Système Victoria, d'Éric Reinhardt
Ed. Folio - 2013
La vie de David Kolski, architecte raté, reconverti en conducteur de travaux bascule le jour où il aborde Victoria de Winter, quarante-deux ans et DRH d'un grand groupe international. Et si l’on apprend dès le début que Victoria finira mal, c’est pour comprendre aussitôt que le destin de David ne sera guère plus enviable.
Côté pile, un amour destructeur, une relation intense et débridée dans de luxueuses chambres d’hôtel, entre Paris et Londres.  
Côté face, un thriller économique dans le monde du BTP : David dirige les travaux de la tour Uranus à la Défense, un immense building vendu sur plan à des banques d’affaires et à des sociétés russes. La pression pesant sur David est à la hauteur des enjeux techniques et financiers du projet, avec un promoteur impitoyable, qui lui ordonne d’accélérer les travaux, des équipes d’ouvriers désemparées et des clients qui se frottent les mains à la pensée des pénalités qu’ils toucheront en cas de retard...
Le livre est trash et nauséeux, mais efficace ! Il regorge d’indices savamment disposés, de flash-back, et d’intrigues entrelacées. Le côté face sur le BTP est vraiment excellent - GA

*Les titres précédés d'une astérisque sont disponibles à la bibliothèque. 
   La prochain Cercle de Lecture se réunira le vendredi 11 avril à 20h00
et aura pour thème
"La musique"


jeudi 13 mars 2014

Un p'tit bonhomme chez les Bébés-lecteurs

"Chouette ! Aujourd'hui y’a pessstacle !" aurait dit Jade ce matin...
Après la chanson qui dit "bonjour" et qui fait sourire les enfants, c'est avec le raconte-tapis que nous avons démarré :
Un Raconte tapis inspiré du livre
Le p'tit bonhomme des bois
de Pierre Delye, ill. Martine Bourre
Ed. Didier jeunesse

Il s'agit d'un conte de randonnée, où le p'tit bonhomme des bois un peu tête en l'air, suit le chemin de ses pensées, sans s'apercevoir qu'il est suivi par un blaireau, un renard, un loup et un gros ours. Tous n'espèrent en faire qu'une bouchée.
Par un tour de passe-passe, les uns après les autres vont disparaître, car rappelons-le, les raconte tapis sont réalisés en tissu et pourvus de multiples cachettes dans les couches molletonnées qui se superposent...

Un jeu de doigts sur le même ton a suivi :





La dernière chanson a été reprise par plusieurs nourrices, qui se sont mises à danser... 




Il était une fermière
Qui allait au marché.

Elle portait sur sa tête,
Trois pommes dans un panier.

Les pommes faisaient : rouli, roula...
Les pommes faisaient : rouli, roula...
Stop !

Trois pas en avant,
Trois pas en arrière.
Trois pas sur l’côté,
Trois pas d’l’aut’ côté.



           

        La prochaine séance de Bébés-lecteurs aura lieu le jeudi 15 mai.




lundi 10 mars 2014

Coup de jeune sur le polar !

Une quinzaine d'enfants de huit à douze ans ont pris part à l'exposition que nous a prêté la Bibliothèque Départementale des Yvelines. L'exposition propose une lecture du roman policier en quatre sous-genres :

L'énigme
 Dans ce genre, l'auteur s'amuse à brouiller les pistes et à multiplier les hypothèses. L'enquêteur y est le personnage central, tandis que les autres sont les suspects. L'enquête se déroule souvent en lieu clos. Hercule Poirot, Sherlock Holmes, Rouletabille et Arsène Lupin sont les vedettes du genre...



L'aventure mystérieuse
 Ici il ne s'agit pas de meurtre, mais plutôt de vols ou d'enlèvements, avec des risques et des rebondissements, des explorations dangereuses et des courses poursuites... Les héros sont souvent une bande d'enfants intrépides, l'action se déroule dans des espaces mystérieux à explorer. Le Club des Cinq et la série des Alice en sont l'exemple typique.


Le suspense
Qui dit suspense, pense menace et peur, des sentiments traduits par des attitudes, des gestes et des regards... Les escaliers, les recoins, les impasses et autres lieux inconnus où s'opèrent des jeux d'ombres et de lumières sont les lieux de prédilection. Le temps est compté, mais tout l'art du récit est justement de le dilater et de le suspendre. Cela se prête particulièrement bien au cinéma, où Alfred Hitchcock est le maître incontesté du genre...


Le roman noir
Dans ces romans, le détective - flic ou "privé" - est plus ou moins minable, avec en toile de fond, misère, racisme et délinquance, le tout dans un climat d'insécurité... A la violence des situations correspond celle du rythme et du langage, ce qui n'empêche pas l'humour ! Les lieux sont glauques : la banlieue, les parkings, les quartiers délabrés... Dans les romans pour la jeunesse, les enfants et les animaux sont souvent les victimes...
Nos petits visiteurs ont pris un plaisir évident à revenir sur les panneaux pour renseigner le quizz que nous leur avions soumis et ils nous ont assaillis de questions. 


Pour rester dans l'ambiance, nous leur avons ensuite confié une enquête !
Voici quelques photos de ce moment partagé :


Et l'article tout chaud, sorti des presses, qui a été remis aux enfants...
 
L'exposition accueillera deux classes de l'école Jean Moulin mardi 11 mars.



jeudi 6 mars 2014

Mais de qui a-t-on peur à l'Heure du Conte ?!

Ce mercredi, nous avons tourné la peur en ridicule, à commencer par notre kamishibaï :


L'énorme crocodile, de Roald Dahl, ill. Quentin Blake
Ed Gallimard Jeunesse - 1985
L'énorme crocodile aux grandes dents est prétentieux et détesté de tous. Il est assurément beaucoup moins rusé qu'il ne le croit... Grâce aux animaux de la jungle, ses pièges tendus aux enfants qu'il projette de dévorer sont systématiquement déjoués, et à chaque fois sa dignité est écornée...
Un grand classique du maître de l'humour britannique Roald Dahl.


Dans l'histoire suivante, Mario Ramos règle son compte au loup qui se croit le plus fort, et la chute est inattendue !

C'est moi le plus fort, de Mario Ramos
Ed. l'Ecole des Loisirs / Pastel - 2001
Le loup aurait-il besoin d'être rassuré ? A tous les habitants de la forêt, il pose la même question : "Dis-moi, qui est le plus fort ?" Du Petit Chaperon Rouge, aux Trois Petits Cochons, en passant par les Sept Nains, tous de répondre : "Le plus fort, c'est vous !" Alors, quand une espèce de petit crapaud de rien du tout lui tient tête et lui répond que c'est sa maman la plus forte, le loup se fâche. Et la dernière page ne souffre aucune contestation...


Dans le dernier album, qu'on ne s'y trompe pas, il n'y a pas que les ogres qui font peur !...

Même pas peur !, de Stéphane Frattini
Ed. Milan Jeunesse - 2007

Omer l'ogre n'a vraiment rien d'un ogre : il aime les fleurs et les animaux, il ne mange que des légumes et il veut devenir musicien. Ses parents ont honte de lui et le chassent du pays des ogres. Oui mais voilà, partout où il va Omer est accueilli par les cris de terreur des hommes et des animaux. Il est donc condamné à s'installer dans une caverne, tout seul !
Un matin, Mirette, une petite fille qui n'a pas froid aux yeux, se présente à lui, bien résolue à le chasser, mais Omer lui semble si gentil... Elle s'en fera même un allié pour combattre le terrifiant dragon qui menace le village. Terrifiant, dites-vous ?