dimanche 13 avril 2014

La musique

Si le thème de notre Cercle de lecture a initialement désorienté, la soirée a été un éblouissement, qui a culminé à l'évocation de l'hymne américain joué par Jimmi Hendrix, sous la plume de Lydie Salvayre...

*Hymne, de Lydie Salvayre
Ed. Points - 2012
Lorsque Jimi Hendrix entame les premières notes de l'hymne national américain devant la foule de Woodstock, c'est le cri retentissant de toute une génération qu'il fait entendre. Une génération qui ressent un violent sentiment de révolte face à la guerre du Vietnam. Une génération pour laquelle la musique représente un refuge, un foyer. Dans une langue inspirée et mélodieuse, Lydie Salvayre retrace la vie du célèbre guitariste, musicien de légende.
Comment ne pas partager l'émotion ressentie à la lecture de ce texte ! Une émotion confortée à l'écoute de cet hymne américain tout en distorsions interprété par Jimmi Hendrix, une découverte... - CP

*Ma vie avec Mozart, d'Eric-Emmanuel Schmitt
Ed. Albin Michel - 2005
Dans ce livre, Schmitt échange une correspondance avec Mozart. Mozart lui envoie sa musique et Schmitt lui répond par des lettres : bel échange entre littérature et musique (un disque des morceaux de musique cités accompagne le livre). Schmitt évoque ses rencontres avec Mozart (circonstances souvent dues au hasard au cours desquelles il a entendu cette musique) et raconte comment elles ont compté pour lui à ces moments précis. Il s'interroge sur la nature des émotions ressenties et nous livre quelques réponses : la beauté, la sagesse, l'amour de la réalité telle qu'elle est,  l'acceptation de l'inévitable tristesse devant le tragique de l'existence...
J'avais commencé sa lecture mais n'avais pas terminé... Ce matin, j'ai lu des passages qui ont retenu toute mon attention et je pense qu'il mérite vraiment de figurer sur notre blog - CP

*Corps et âmes, de Frank Conroy
Ed. Gallimard – 2004
À New York, dans les années quarante, un enfant regarde, à travers les barreaux du soupirail où il est enfermé, les chaussures des passants qui marchent sur le trottoir. Pauvre, sans autre protection que celle d'une mère excentrique, Claude Rawlings semble destiné à demeurer spectateur d'un monde inaccessible. Mais enseveli sous une montagne de vieux papiers, se trouve un petit piano désaccordé. En déchiffrant les secrets de son clavier, Claude va se découvrir lui-même : il est musicien !
Ce livre est l'histoire d'un homme dont la vie est transfigurée par un don. Son voyage jalonné de mille rencontres le conduira jusqu'à Carnegie Hall... La musique est au centre du livre - musique classique, grave et morale, mais aussi le jazz dont le rythme très contemporain fait entendre sa pulsation irrésistible d'un bout à l'autre du roman. Autour d'elle, une vaste fresque à la Dickens, dans un New York en pleine mutation.
Le livre tient un peu du conte de fée, mais quel plaisir ! Excellent livre - PM

*Novocento : pianiste, de Alessandro Baricco
Ed. Gallimard - 2002
Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento est né et abandonné bébé sur un paquebot en 1900. Il sera adopté par l'équipage et grandira parmi eux sans jamais descendre à terre. Doué pour la musique, il apprend à jouer du piano et devient virtuose. Tous ceux qui l'entendent jouer le considèrent comme le plus grand pianiste de tous les temps. Il n'est jamais descendu à terre, mais sa réputation le rend célèbre et un autre pianiste de génie décide de le provoquer en duel - en duel musical - afin d'établir qui est vraiment le plus grand.
L'histoire est racontée par Tim Tooney, le trompettiste de l'orchestre, ami de Novecento et témoin privilégié de cette vie entre parenthèses...
Un texte à mi-chemin entre pièce de théâtre et conte lu à haute voix, selon l'auteur. L'humour burlesque, m'a rappelé "La vie est belle" de Roberto Benigni - quelque chose de propre aux italiens ?... J'ai adoré ce livre - GA

Musicophilia La musique, le cerveau et nous, de Oliver Sacks
Ed. Point - 2012
À travers l’évocation d’expériences souvent hors du commun, Oliver Sacks, qui est neurologue, explore la dimension musicale de l’homme : comment la musique nous habite, nous change et parfois même nous guérit, car la musique a sur nous une portée émotionnelle, qu’elle nous arrache à la dépression ou qu’elle nous rende mélancolique. Il arrive même que notre rapport à la musique soit symptomatique d’un problème médical ; inversement elle peut avoir des vertus thérapeutiques.
Du chirurgien devenu pianiste après avoir été frappé par la foudre au frère manchot de Wittgenstein, en passant par les familiers de la synesthésie ou les arriérés mentaux mélomanes, l'auteur explore les rapports du cerveau et de la musique.
Un livre intéressant et très accessible (bien que neurologue, l'auteur fait oeuvre de vulgarisation) - HL

Ravel, de Jean Echenoz
Ed. Les Editions de Minuit – 2006 
Ravel fut grand comme un jockey, donc comme Faulkner. Son corps était si léger qu'en 1914, désireux de s'engager, il tenta de persuader les autorités militaires qu'un pareil poids serait justement idéal pour l'aviation. Cette incorporation lui fut refusée et on l'exempta de toute obligation mais, comme il insistait, on l'affecta sans rire à la conduite des poids lourds. C'est ainsi qu'on put voir un jour, descendant les Champs-Élysées, un énorme camion militaire contenant une petite forme en capote bleue trop grande, agrippée tant bien que mal à un volant trop gros. Ce roman retrace les dix dernières années de la vie du compositeur français Maurice Ravel (1875-1937).
Un "roman", plutôt qu'une biographie de Ravel, personnage très original, rendu vivant par le style sobre, au scalpel de Jean Echenoz - BF

*Tous les matins du monde, de Pascal Quignard
Ed. Gallimard – 1993
Le violiste Marin Marais, au crépuscule de sa vie, se souvient de son maître, Sainte Colombe. Janséniste austère et intransigeant, Monsieur de Sainte Colombe cherche la perfection en tout. À ses côtés, le jeune Marin Marais apprend la viole de gambe bien sûr, mais aussi l'amour avec Madeleine. En confrontant la vision du maître et de l'élève, "Tous les matins du monde" interroge sur la place de la musique et de l'artiste dans la société. 
Deux conceptions de la musique s'affrontent : celle d'un vieux compositeur solitaire, celle d'un jeune musiciens de la cour de Louis XIV. Le livre est très bien écrit, dans le style du XVIIe. Un plaisir - AML

*Le pianiste, de Wladyslaw Szpilman
Ed. Pocket – 2003
Lorsque l'armée hitlérienne envahit la Pologne, Wladyslaw Szpilman, l'auteur est un jeune pianiste qui vit avec ses parents à Varsovie et travaille pour Radio Pologne. Les portes du ghetto vont bientôt se refermer sur un demi-million de Juifs polonais, condamnés à l'esclavage, aux privations et à la mort.
Szpilman raconte la vie quotidienne qui continue jusqu'en 1942, les trahisons et les inégalités au sein de la communauté, les déportations méthodiques, la perte de sa famille, et la révolte du ghetto. Il livre un récit halluciné d'une lutte pour la survie.
Publié en Pologne, au lendemain de la défaite nazie, le livre fut presque aussitôt proscrit par le régime communiste. Il faudra plus de cinquante ans pour que les Polonais et le monde entier découvrent enfin ce témoignage.
Un grand moment d'histoire et de résilience... - MM

*Tirez sur le pianiste !, de David Goodis
Ed. Série noire, 1957
Eddie gagne petitement sa vie en jouant du piano dans un boui-boui des bas-quartiers de Philadelphie. Il y reçoit un soir la visite inattendue de son frère Turley, à qui deux inconnus à ne veulent manifestement pas que du bien. Voilà qui va bouleverser une existence dépourvue d’histoires, de relief et surtout d’espoir. Mais Léna, la petite serveuse avec qui il n’échangera jamais le moindre mot d’amour, veille sur lui. Solide comme un roc, elle ne le laissera pas tomber. Au fait, comment un musicien aussi doué a-t-il pu en arriver à mener une existence aussi sombre ? 
 David Goodis est comme le vrai chocolat : noir de chez noir. C’est pour cela que les amateurs de polars l’aiment tant depuis plus d’un demi-siècle, du moins en France. Car cet écrivain hors normes, dont la vie a fini par sombrer aussi profondément que celle de ses personnages, est plus reconnu chez nous que dans son propre pays. Sans François Truffaut, qui a adapté ce roman au grand écran, Goodis serait même probablement tombé dans l’oubli outre-Atlantique - SW

*La contrebasse, de Patrick Süskind
Ed. Le livre de Poche – 1992 +
DVD : Mise en scène Stéphane Alvarez, avec Thierry Rémi
La contrebasse est l'instrument le plus gros, le plus puissant et le plus indispensable de l'orchestre, le plus beau aussi, dit d'abord le contrebassiste. Mais bientôt l'éloge pompeux laisse affleurer les frustrations et les rancoeurs du musicien et de l'homme. Et peu à peu la haine d'abord refoulée de cette encombrante compagne s'exprime et se déchaîne... 
Si vous avez lu "Le Parfum", "La contrebasse" ne vous décevra pas. Un monologue tragique et drôle, qui prend toute sa mesure sur scène et je recommande le DVD également présent à la bibliiothèque - SV

*Les titres précédés d'une astérisque sont disponibles à la bibliothèque. 

Le prochain Cercle de Lecture se réunira le vendredi 9 mai à 20h00
et aura pour thème
"La Grande guerre"


jeudi 10 avril 2014

Accueil des classes : le livre à la loupe

Les enfants ont trouvé une quinzaine de livres en vrac sur la table 
  

Ils ont dû rapprocher les livres deux à deux, selon qu'ils étaient du même auteur, du même éditeur, ou du même genre littéraire. Un livre a ensuite été escamoté, à charge pour eux de  l'identifier et d'en décrire de mémoire la couverture.
Quand le temps restant le permettait, la classe a imaginé l'histoire du livre, en partant de sa couverture. A plusieurs l'imagination est fertile !...
Les plus âgés ont, quant à eux, passé en revue toutes les étapes de fabrication d'un livre à l'aide de "la grande chenille"  à disposition sur la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse.


La seconde partie de la séance a été consacrée à la lecture à voix haute.

 Pour les CP, un album sur l'amitié, la différence et la peur :
Loulou, de Grégoire Solotareff
Ed. Ecole des Loisirs - 2001
Adapté au cinéma en dessin animé
Lorsqu'un jeune loup qui n'a jamais vu de lapin rencontre un petit lapin qui n'a jamais vu de loup, ils ne savent pas qu'ils sont censés être ennemis, alors ils deviennent amis. Mais quand ils jouent à "peur du loup", Tom le lapin a beaucoup plus peur que Loulou le loup quand ils jouent à "peur du lapin"... Et leur belle amitié finit par en souffrir... 



Pour les CE1, un conte magnifiquement illustré :
Féroce, de Jean-François Chabas ; ill. David Sala
Ed. Casterman - 2012
 
Depuis sa plus tendre enfance, Fenris arbore un air féroce qui suscite l’effroi. Devenu gigantesque, le loup rouge est bientôt aussi redouté de ses semblables que de ses proies et il est banni de sa meute. Grisé par l’intensité de la crainte qu’il inspire, il erre, sûr de lui, jusqu'au jour où son chemin croise celui d'une petite fille partie cueillir des fleurs... 
Au caractère et au franc-parler très affirmé, l'enfant se révèle bien moins naïve que notre chaperon rouge et contrairement à "Marlaguette", elle ne tente pas de changer la bête...


Pour les CE2, un conte folklorique de Sumatra en kamishibaï :
Le vrai père, de Junichi Yoda & Seiichi Tabata
Ed. Doshinsha - 2009

Mangalan Green Beku, le monstre, vit seul en haut de sa montagne et ne supporte plus la solitude. Il décide de prendre la place d’un père qui vit heureux avec son fils, en prenant sa forme humaine... 
Ce sont les enfants qui ont désigné celui d'entre eux qui prendrait la place de la conteuse pour lire le kamishibaï. Et de découvrir que ce genre de lecture demande à être théâtralisé...

Pour les CM1, un roman noir pour rebondir sur notre exposition Polar Jeunesse :
Le chat de Tigali, de Didier Daeninckx
Ed. Syros Jeunesse - 1997
Vanessa et ses parents doivent quitter l'Algérie. Le contrat de coopération du père instituteur vient de s'achever et ils doivent retourner en France. Au dernier moment, ils décident d'emmener avec eux Amiche, un superbe et chat de Kabylie, très indépendant. La famille s'installe alors dans une petite ville du sud de la France. Mais un jour, ils reçoivent une lettre anonyme menaçant leur chat de représailles. Mais pourquoi et qui en veut donc à mort à ce magnifique greffier de Kabylie ?
Une histoire qui en quelques pages nous en apprend beaucoup plus sur la tolérance et la citoyenneté que ne le font de longs discours...

Pour les CM2, un poème de Goethe en kamishibaï :
Le roi des Aulnes, de Johan Wolfgang Goethe ; ill. Vincent Wagner
Ed. Callicéphale - 2011
Un père et son enfant
traversent à cheval
une forêt obscure...
Il fait nuit. Il fait froid.
L'enfant entend le roi de la forêt...
Un poème envoûtant et dérangeant, que nous avons pris soin de mettre en perspective, en évoquant Goethe, le romantisme, toute la place faite aux contes et légendes à cette époque... L'attention était à son comble !


Quelques planches de ce magnifique kamishibaï :




mercredi 2 avril 2014

La convoitise dans les contes

Deux contes ont illustré le thème de notre Heure du Conte ce mercredi.


Le petit poisson d’or, un kamishibaï
de Florence Jenner-Metz ; ill. Gabriella Makhult
Ed. Callicéphale
Un vieux pêcheur qui vivait dans une pauvre cabane avec sa femme prit un jour dans son filet un petit poisson d’or. En échange de sa liberté, le petit poisson lui proposa de réaliser ses souhaits. Le pêcheur, qui se trouvait comblé, ne trouva rien à demander. Hélas, sa femme ne l'entendit pas de cette oreille...

Il existe de nombreuses variantes de ce conte, où l'animal reconnaissant se trouve abusé. La conteuse, malicieuse, a trouvé une fable où il en va tout autrement !    


Le petit poisson et le pêcheur, de Jean de La Fontaine
Ici le poisson prie le pêcheur de le remettre à l'eau en lui faisant miroiter des avantages futurs : mais le pêcheur, pragmatique, décide de faire frire le poisson, étant d'avis que c'est toujours ça de pris...

Retenons que deux vers de cette fable sont devenus des proverbes « Petit poisson deviendra grand pourvu que Dieu lui prête vie » et « Un tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras ».


La dernière histoire, inspirée d'un conte de Hans Christian Andersen, a été contée avec la participation des enfants.

Les habits neufs de l’empereur, de Hans Christian Andersen

L'empereur aimait tant les beaux habits qu'il en changeait à chaque heure du jour. Vinrent deux escrocs se prétendant tisserands et qui lui proposèrent de lui réaliser le plus précieux des habits, à partir d'une étoffe exceptionnelle, supposée invisible aux yeux des plus sots.

Les escrocs firent mine de tisser la précieuse étoffe et personne n'osa dire qu'il ne voyait rien. Lorsque l'empereur s'en fut parader dans son nouvel habit, chacun de le complimenter, à l'exception d'un enfant jeune et innocent, qui s'étonna : "Mais il n'a pas d'habit du tout !"...