jeudi 13 octobre 2016

Le Cercle de lecture nous révèle ses coups de coeur de l'été !

Lunettes de soleil et chapeau de paille au placard ! C'est avec beaucoup de plaisir que nous nous sommes retrouvés pour notre premier Cercle de lecture de la rentrée avec un petit air automnal ...


Ne reculant devant aucun sacrifice pour satisfaire la clientèle en ce début d’automne, le cercle de lecture vous offre trois poètes pour le prix d’un grâce à cette chanson...  cliquez ici    qu’il est superflu d’identifier Mais en attendant la chute des feuilles, nous avons encore le temps d’évoquer nos coups de cœur de l’été. 

* La conjuration des imbéciles, de John Kennedy Toole 
Ed. Robert Laffont – 1981 

A trente ans passés, Ignatius vit encore cloîtré chez sa mère, à la Nouvelle-Orléans. Hypocondriaque, égocentrique, réactionnaire, ce charmant jeune homme à la silhouette pachydermique nourrit le plus profond mépris non seulement pour ses semblables, mais aussi pour toute forme de travail. Ce qui ne lui facilite pas les choses le jour où sa pauvre maman –qui ne le supporte qu’en ingurgitant des hectolitres d’alcool– le somme d’enfin commencer à gagner sa vie. Autant lâcher un éléphant dans un magasin de porcelaine…
L’histoire de ce chef-d’œuvre d’humour corrosif tient elle-même du roman tragique. Car l’auteur s’est suicidé en 1969, à l’âge de 32 ans, les refus successifs des éditeurs ayant fini par le persuader qu’il était un écrivain raté. Mais à force d’obstination, sa mère a fini par réussir à le faire publier en 1980. Le roman a obtenu dès l’année suivante le prestigieux prix Pulitzer et ne cesse de connaître depuis lors un énorme succès international.

Ignatius se comporte comme Don Quichotte et parle comme Achille Talon, à cette différence près que lui est absolument insupportable. Quoi qu’il fasse, il déclenche un véritable jeu de massacre dans une société américaine où tout le monde en prend pour son grade. Tout cela est délectable de drôlerie grinçante. J’ai adoré. - SW

*La couleur du soleil, de Andrea Camilleri
Ed. Le livre de Poche - 2013

Et si le Caravage, grand peintre italien à l'existence tumultueuse, avait laissé un journal ? Camilleri, écrivain brillant et érudit, a été mystérieusement guidé vers la découverte de ce précieux manuscrit. Ces pages nous replongent dans un XVIe siècle finissant, nous donnant de nouvelles clés pour comprendre les foucades de l'homme et les prouesses de l'artiste. 
On vit ici de l'intérieur le dernier voyage aventureux du peintre fuyant la justice des chevaliers de Malte. Avec brio, l'écrivain rompu au genre historique imagine pour ce génie du clair-obscur une voix d'une authenticité confondante.

Le procédé adopté par l’auteur est original, qui fait alterner sa propre aventure rocambolesque et sa transcription des fragments d’un document rare et improbable. Que dire de l’hypothèse selon laquelle le goût prononcé du peintre pour le clair-obscur et pour les atmosphères sombres serait à mettre au compte d’une altération de sa vision ?
Ce court roman, presque une nouvelle, a fait l’objet d’une commande à l'occasion d'une exposition Caravage en 2006 à Düsseldorf. J’ai trouvé beaucoup de charme à cette langue imagée du Caravage, loin de la langue littéraire. Voilà une lecture plaisir que je recommande - GA



* Et mes yeux se sont fermés de Patrick Bard 
Ed Syros – 2016

Ce roman décrit le parcours d’une adolescente de 16 ans qui décide de partir, un jour, en Syrie pour rejoindre l’organisation Daech. L’écrivain Patrick Bard nous révèle au fil des pages comment Maëlle alias Ayat a bien pu agir comme cela et de quelle manière elle a été endoctrinée.
Comment par le biais d’internet, cette jeune fille a pu être convaincue de partir en Syrie pour mourir en martyr et ce, pour le bien de tous ? Comment peut-on vendre un paradis artificiel à travers un écran ? Comment a-t-elle pu berner toute sa famille et s’enfuir ainsi ? POURQUOI ?
Nous allons la suivre jusqu’à sa radicalisation, son quotidien d’écolière et petit à petit les changements dans son comportement : Maëlle ne mange plus de porc à table, elle passe des heures sur Facebook, elle quitte son petit ami … Son départ en Syrie et, heureusement, son retour parmi les siens.

C’est un roman choc, qui retrace avec une grande justesse et sans aucun jugement le parcours de Maëlle devenu Ayat. Véritable sujet d’actualité. « Et mes yeux se sont fermés » est un livre bouleversant que je recommande vivement !! -  DM




* Un soir au club de Christian Gailly 
Ed. M double – 2004

La critique de Jean-Pierre Tison en quatrième de couverture exprime parfaitement bien le contenu de ce livre et le talent de son auteur. Tout est dit. Difficile d’apporter quelque chose de plus. 
L’auteur, Christian Gailly (1943-2013) été musicien de jazz et psychanalyste. Son écriture est « musicale ». 
Le narrateur, artiste peintre, raconte l’histoire de son ami Simon Nardis sans chronologie, avec des retours vers le passé et des indices qui nous font découvrir progressivement un évènement qui se produira ce fameux soir.
Simon a été pianiste de jazz, renommé pour ses interprétations au style très personnel. Après une période où il a connu l’enfer de la drogue et de l’alcool, il a retrouvé l’équilibre grâce à sa femme Suzanne. Mais un soir, il est invité dans un petit club de jazz de province et il retrouve la vodka et le jazz. Nouveau tournant de sa vie.

Un livre qui swingue ! un hymne à la musique et à la vie !
J’ai aimé ce livre pour l’originalité de l’écriture, sa sensibilité, sa subtilité. Je l’ai relu une deuxième fois et j’en ai apprécié encore plus toutes les nuances musicales. Le champ lexical de la musique s’applique aussi à la littérature : style, phrasé, cadence, rythme, ruptures, intensité. L’auteur en apporte la preuve - CP



*La consolante d’Anna Gavalda
Ed. J’ai lu – 2010

Charles Balanda, 47 ans, architecte à Paris, apprend incidemment la mort d'une femme qu'il a connue quand il était enfant, et adolescent. Il déchire la lettre et la jette dans la poubelle de la cuisine. Quand il relève son pied de la pédale et que le couvercle retombe, clac, il a l’impression d’avoir refermé, à temps, une espèce de boîte de Pandore, et, puisqu’il est devant l’évier, s’asperge le visage en gémissant.
Retourne ensuite vers les autres. Vers la vie. Se sent mieux déjà. "Allez... C’est fini. C'est fini, tu comprends ? "
Le problème, c'est que non, il ne comprend pas. Et il n'y retourne pas, vers la vie. Il perd l’appétit, le sommeil, abandonne plans et projets et va essayer de comprendre pourquoi tout se fissure en lui. Et autour de lui. Commence alors un long travail de deuil au bout duquel il est obligé de se rendre à l’évidence : l’échelle de cette vie-ci est illisible et il faut tout rebâtir.

Il est difficile de résumer les 600 pages de cette histoire foisonnante, surprenante, drôle et poétique. Le style est très particulier. Des phrases courtes, pas toujours terminées. Des dialogues rapides. Je l’ai ressenti comme une sorte d’impressionnisme de l’écriture qui crée à elle seule des atmosphères particulières et inattendues. FB



*Il pleuvait des oiseaux de Joceline Saucier
Ed. Folio – 2015

Trois octogénaires épris de liberté vivent selon leur propre loi en forêt profonde dans le nord de l'Ontario. Non loin de là, deux hommes, l'un gardien d'un hôtel fantôme et l'autre planteur de marijuana, veillent sur l'ermitage des vieillards. Leur vie d'hommes libres et solitaires sera perturbée par l'arrivée de deux femmes. D'abord une photographe en quête du dernier survivant des grands feux qui ont ravagé la région au début du XX siècle. Puis, une deuxième visiteuse, très vieille celle-là, Marie-Desneige, un être aérien et lumineux qui détient le secret des amours impossibles. La vie ne sera plus la même à l'ermitage.
Il pleuvait des oiseaux est un superbe récit qui nous entraîne au plus profond des forêts canadiennes, où le mot liberté prend tout son sens. L'émotion, brute et vive, jaillit à chaque page.

L’histoire est contée avec énormément de tendresse et de poésie. FB



*Le grand marin de Catherine Poulain
Ed. L’Olivier – 2016

Une femme rêvait de partir. De prendre le large. Après un long voyage, elle arrive à Kodiak (Alaska). Tout de suite, elle sait : à bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a une place pour elle. Dormir à même le sol, supporter l’humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, la peur, les blessures…
C’est la découverte d’une existence âpre et rude, un apprentissage effrayant qui se doit de passer par le sang. Et puis, il y a les hommes. À terre, elle partage leur vie, en camarade.
Traîne dans les bars en attendant de rembarquer. C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin.

Des aventures extraordinaires dans ce grand succès de l’été. Epoustouflant, roman que je vous recommande vivement. BF



*L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante
Ed. Gallimard – 2016

"Je ne suis pas nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. C'était la vie, un point c'est tout : et nous grandissions avec l'obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile." 
Elena et Lila vivent dans un quartier pauvre de Naples à la fin des années cinquante. Bien qu'elles soient douées pour les études, ce n'est pas la voie qui leur est promise. 
Lila abandonne l'école pour travailler dans l'échoppe de cordonnier de son père. Elena, soutenue par son institutrice, ira au collège puis au lycée. Les chemins des deux amies se croisent et s'éloignent, avec pour toile de fond une Naples sombre, en ébullition. 
Formidable voyage dans l'Italie du boom économique, L'amie prodigieuse est le portrait de deux héroïnes inoubliables qu'Elena Ferrante traque avec passion et tendresse.

Ce livre est tellement bien que l’on ne peut pas le lâcher !! J’attends avec impatience la suite. A lire absolument. BF



*Their eyes were watching God de Zora Neale Hurston
Ed. Harper Collins – 1990

Au sommet de la renaissance de Harlem pendant les années 1930, Zora Neale Hurston était la femme noire auteure prééminente aux Etats-Unis. Ses histoires sont apparues dans des magazines importants, elle a participé également à l’écriture de scénarios hollywoodiens et, a écrit quatre romans. Pourtant, dans les années 50, Hurston vivait dans l’obscurité en travaillant comme bonne dans un hôtel de Floride. Elle meurt en 1960 seule. « Their eyes were watching God » est sans doute son livre le plus connu et peut-être le plus controversé. Ce roman suit les aventures d’une femme vivant dans la ville noire d’Eaton en Floride.

Cette autobiographie, écrite en dialecte afro-américain, m’a donnée beaucoup de joie. C’est un livre drôle, tendre, poétique, génial !! HL



Omoo : récits des mers du sud de Merville Herman
Ed. GF – 2013

La première partie du livre se passe en mer sur un baleinier sur lequel, Merville s’est embarqué. La seconde partie du livre est consacrée aux six semaines d’escale à Tahiti, cette île christianisée depuis longtemps par les missionnaires où les modes de vie indigènes sont de plus en plus pénétrées par les blancs. Tandis, que la dernière partie du livre suit les vagabonds, le narrateur et son compagnon sur l’île voisine d’Imeeeo.

82 courts chapitres dont le titre résume sobrement le contenu. Aucune monotonie, c’est un plaisir de lire ce livre. NM




*L’amant du volcan de Susan Sontag
Ed. Points – 2007

Il Cavaliere, aristocrate britannique, est ambassadeur au royaume des Deux-Siciles. Collectionneur invétéré, il aime la frivolité de sa ville adoptive, l'opéra, les rues pavées de lave. Après la mort de son épouse, il fait la connaissance de la belle Emma et pour la première fois son cœur s'embrase. Au grand scandale du Tout-Naples, il fera de la jeune roturière une femme du monde. Mais, sous le volcan, rien n'est jamais appelé à durer...

J’ai été fascinée par les descriptions faites par l’écrivain sur les personnages historiques et par exemple l’ascension du Vésuve. Un livre plein de fantaisie. SV



*Le charme discret de l’intestin de Giulia Enders
Ed. Audiolib – 2016

Giulia Enders, jeune doctorante et nouvelle star allemande de la médecine, rend ici compte des dernières découvertes sur un organe sous-estimé. Elle explique le rôle que jouent notre “deuxième cerveau” et son macrobiote (l’ensemble des organismes l’habitant) dans des problèmes tels que le surpoids, la dépression, la maladie de Parkinson, les allergies...
Illustré avec beaucoup d’humour par la sœur de l’auteur, cet essai fait l’éloge d’un organe relégué dans le coin tabou de notre conscience. Avec enthousiasme, Giulia Enders invite à changer de comportement alimentaire, à éviter certains médicaments et à appliquer quelques règles très concrètes pour faire du bien à son ventre.

Un livre très reposant et instructif. MCH



*Chagrins d’école de Daniel Pennac
Ed. Gallimard – 2007

« Donc, j’étais un mauvais élève. Chaque soir de mon enfance, je rentrais à la maison, poursuivi par l’école. Mes carnets disaient la réprobation de mes maîtres. Quand je n’étais pas le dernier de ma classe, c’est que j’en étais l’avant-dernier. (Champagne !) Fermé à l’arithmétique d’abord, aux mathématiques ensuite, profondément dysorthographique, rétif à la mémorisation des dates et à la localisation des lieux géographiques, inapte à l’apprentissage des langues étrangères, réputé paresseux (leçons non apprises, travail non fait), je rapportais à la maison des résultats pitoyables que ne rachetaient ni la musique, ni le sport, ni d’ailleurs aucune activité parascolaire. » Dans la lignée de Comme un roman, Chagrin d’école est donc un livre qui concerne l’école. Non pas l’école qui change dans la société qui change, mais, « au cœur de cet incessant bouleversement, sur ce qui ne change pas, justement, sur une permanence dont je n’entends jamais parler : la douleur partagée du cancre, des parents et des professeurs, l’interaction de ces chagrins d’école ». Daniel Pennac entremêle ainsi souvenirs autobiographiques et réflexions sur la pédagogie et les dysfonctionnements de l’institution scolaire.

Un style très facile à lire, un livre plein d’humour. MCH



Théodore Poussin de Franck Le Gall
Ed. Dupuis – 2010

Théodore Poussin serait né à Dunkerque en 1902. Son père est capitaine, et plus tard il sera également capitaine. Mais son père disparaît, et Théodore doit arrêter ses études. Il commence alors à travailler dans les bureaux d’une compagnie maritime. Mais ce travail l’ennuie et quand apparait une occasion de s’embarquer il s’en empare.
Ce voyage durera 3 ans, avant qu’il ne puisse revoir Dunkerque, trois ans d’aventures dans l’Asie de la fin des années 20, entre pirates sanguinaires, gouvernements corrompus, tantôt capitaine, tantôt forçat, croisant quelques femmes fatales, mais toujours dans à la recherche du secret de sa naissance, aidé ou poursuivi par son destin, un certain M. Novembre de noir vêtu.
Pendant 12 volumes nous suivons les aventures de Théodore sans une minute d’ennui. Le treizième est en cours de réalisation et est attendu avec impatience.
Avec cette BD, Franck Le Gall a réussi à créer un univers cohérent et original, dans lequel les aventures imaginaires s’ancrent dans une réalité à la Joseph Conrad.  Il considère que ses sources d’inspiration sont à la croisée de la BD (Hergé et Franquin pour la « ligne claire ») et de la littérature (Cendrars et Mac Orlan). 

Une très agréable «re» découverte 30 ans après une première lecture. Le dessin en ligne claire peut faire penser à une BD pour enfant mais les thèmes et la lecture à plusieurs niveaux en font beaucoup plus qu’une BD d’aventure et la dédient plutôt aux adultes. MM


*Les titres précédés d’un astérisque sont disponibles à la bibliothèque.
Le prochain Cercle de Lecture se réunira le vendredi 4 novembre à 20h00

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