samedi 29 avril 2017

Le Cercle de Lecture du mois d'Avril


Le livre que l’on emmène sur l’île

Sur l’île ou sur une île ? Et laquelle ? Thulé ? Hiva Oa ? L’île du Diable ?  Allez savoir… Dans l’incertitude, inutile d’aller si loin. Contentons-nous de l’île Saint-Louis CLIQUEZ ICI célébrée par Léo Ferré à l’âge d’or de la chanson française. Ce sera déjà très bien.






Les 1001 bières qu’il faut avoir goûtées dans sa vie,
Ouvrage dirigé par Adrian Tierney-Jones
Ed. Flammarion – 2012

Plutôt que «l’île», choisissons «Lille». Option moins facétieuse qu’il n’y paraît : la préfecture du Nord doit son nom à l’isle de la Deûle sur laquelle elle fut jadis fondée. Ville universitaire et industrielle au passé mouvementé, c’est aussi une grande capitale de la bière, où une escapade ne peut s’envisager sans la visite de quelques estaminets. Ambrées, blondes, blanches ou brunes, le choix est immense parmi les bières venues du monde entier que l’amateur y trouvera. Ce guide recense les meilleures, qu’elles proviennent de grands brasseurs ou d’innombrables microbrasseries. Chacune est illustrée par sa bouteille et son verre. Son histoire ou celle de sa brasserie y sont précisées, et  des notes de dégustation guident le lecteur. Le journaliste britannique Adrian Tierney-Jones, qui a dirigé l'ensemble, a écrit de nombreux livres sur la bière et a remporté plusieurs médailles à ce titre. Gilles Pudlowski, auteur de la préface, est critique gastronomique et littéraire au Point. Hervé Marziou, qui a collaboré à l'édition française, organise et développe le Concours de Biérologie Heineken France dans les lycées hôteliers et anime des conférences et des repas gastronomiques en France et en Europe.
Bien que non exhaustive (j’ai dégusté des bières qui n’y figurent pas), cette présentation nous fait voyager autour du monde. La présentation est agréable et bien documentée, malgré une traduction parfois bizarre. On peut y trouver un complément nécessaire à tout guide touristique pour explorer cette ville du Nord de la France, ou simplement pour  envisager quelques achats dans une cave bien pourvue. – MM


*Promenades en bord de mer et étonnements heureux, d’Olivier de Kersauson
Ed. Le Cherche midi - 2016

Que faire sur une île, sinon se promener sur le rivage ? Ce livre est un recueil de pensées, réflexions, souvenirs, tous nés et nourris de l’observation de la mer qui, par définition, y est partout. Longs de quelques phrases ou de quelques pages, les chapitres peuvent se lire ou se relire dans n’importe quel ordre. Une coque, même pourrie, même réduite à l’état d’épave, sent toujours l’aventure. Et l’aventure, c’est l’évasion, la sortie de l’ile. Le sportif cogneur qu’est l’ancien équipier d’Eric Tabarly se pose et nous ouvre son cœur et ses pensées. Sa sensibilité, qu’il sait si bien cacher, y est révélée et fait écho à son intelligence. Il y a là du vécu, des émotions et des moments dont on sent qu’ils ont été importants dans sa vie (et si on réfléchit un peu, parfois dans la nôtre). On peut y passer quelques secondes, quelques minutes ou un long moment d’évasion, en partir et y revenir, ou s’isoler si on le souhaite sur une îe de la littérature. 

On n’échappe pas à soi-même en fuyant sur les mers, c’est précisément l’inverse qui se produit.
Certainement plus connu par ses coups de gueule, sa misogynie affichée et son talent d’improvisateur à l’émission des Grosses Têtes, Olivier de Kersauzon est le marin français qui détient le plus de records en multicoque. Grand sportif, il a également écrit ou coécrit une vingtaine de livres et révèle ici son extrême sensibilité et un certain sens de la poésie :
Naviguer, c’est frôler sans cesse
Le corps onctueux d’une femme
Qui, dès lors est interminable.
La mer est lamée de mauve,
C’est sa peau lascive où la coque s’introduit,
C’est d’un érotisme subtil, onirique, étrange, secret.   – MM



L’île au Trésor, de Robert-Louis Stevenson,
Revisitée par Hugo Pratt et Mino Milani
Ed. Casterman – 2010

Ce grand classique du roman d’aventures tenait particulièrement à cœur à l’immense illustrateur que fut Hugo Pratt (1927-1995) : Je revois parfaitement, comme si c’était hier, écrit-il en préface, mon père sortant un petit livre noir d’une grande poche de sa vieille saharienne comme par enchantement : il me le donna et me dit avec un sourire mélancolique : «toi aussi, un jour, tu iras chercher ton île… ne t’en fais pas si tu ne la trouves pas tout de suite, il y en a beaucoup, tu la rencontreras le moment venu. » Ce livre est encore avec moi. C’est L’ile au trésor. Hugo Pratt avait alors 15 ans.
Cette superbe version est parue pour la première fois en 1965 dans le magazine italien Corriere dei Piccoli. Le futur créateur de Corto Maltese était associé pour la circonstance au journaliste et écrivain Guglielmo Milani, dit Mino, qui avait réalisé l’adaptation écrite du roman. La préface nous explique le contexte et la genèse de cette bande dessinée. La postface la complète en évoquant la fascination qu’éprouvèrent pour le Pacifique aussi bien Pratt que Stevenson, décédé et inhumé aux Samoa. Elle est complétée d’une autre aventure (Enlevé) des mêmes auteurs et de la même facture, qui nous emmène en Ecosse.

Magnifique adaptation d’un roman qui a fait rêver de multiples générations ! Le dessin de Pratt n’est pas encore à son apogée, les noirs et blancs sont adoucis par des hachures, et le découpage hésite parfois entre illustré et BD, mais le rêve et l’évasion sont déjà bien présents. Cette réédition chez Casterman est superbe dans son format à l’italienne. Les planches y sont rehaussées de vignettes en tête de page. Et les couleurs de Patrizia Zanotti la rehaussent admirablement. – MM



La révolution d’un seul brin de paille - Une introduction à l’agriculture sauvage, de Masanobu Fukuoka
Ed. Guy Tredaniel – 2000 (1975 au japon, 1985 aux États-Unis)

Masanobu Fukuoka était chercheur en pathologie végétale. En 1938, suite à une grave pneumonie qui faillit lui coûter la vie, il eut la révélation de l’insuffisance de la connaissance intellectuelle. Son doute se porta surtout sur les vérités scientifiques et techniques qui commençaient à devenir incontournables en agriculture. A 25 ans, il retourna donc à l’exploitation agricole familiale sur l’île de Shikoku afin d’apprendre de la nature elle-même.
Il pratique alors un doute agronomique systématique : puisque le riz sauvage égraine à l’automne lors de la récolte, pourquoi semer au début du printemps ? Pourquoi labourer le sol, alors que les plantes poussent naturellement sans cela ? Pourquoi inonder la parcelle alors que la mousson ne le fait que quelques jours par an ? Comment conserver la tendance de la nature à améliorer la fertilité année après année ?
Chaque écosystème dispose d’un élan, d’une direction instinctive qu’il s’agit d’accompagner plutôt que de lui résister. Il n’est pas besoin de labourer. Les semences, enroulées dans un peu d’argile, sont semées à la volée. Il n’est pas nécessaire de lutter contre les «mauvaises herbes», car elles sont maitrisées à la fois par la paille déposée sur le champ et par l’équilibre naturel entre les plantes qui s’installent. Le renouvellement de la fertilité est assuré à la fois par le trèfle qui, comme toutes les légumineuses, fixe l’azote de l’air par les racines, enrichissant ainsi naturellement le sol, et par la paille qui, une fois décomposée, formera de l’humus.

Un livre qui parle autant d’agriculture que d’homme. J’ai aimé la quête spirituelle autant que les préceptes qui s’en dégagent. J’ai lu le livre en anglais et ne peux donc me prononcer sur la qualité de cette traduction, qui semble faire débat - GA



Coquelicot et autres mots que j’aime, d’Anne Sylvestre
Ed. Points – 2014

Qu'ils soient mélancoliques comme «cahier», savoureux comme «frangipane», surprenants comme «libellule», drôles comme «s’esclaffer», nostalgiques comme «parfum» ou rebondis comme «édredon», les mots préférés d’Anne Sylvestre racontent son histoire, ses souvenirs d'enfance, sa poésie et son amour de la nature. Avec le même élan jubilatoire que dans ses chansons, elle jongle délicieusement avec chacun de ces quatre-vingts mots, qu’elle sait distiller et faire sonner comme personne à notre oreille. Tout cela, mine de rien, en brossant un émouvant autoportrait.

Si je devais n’emporter qu’un livre sur une île, je voudrais qu’il m’apporte un bonheur durable, qu’il nourrisse mes journées et que je puisse y revenir sans cesse, toujours avec autant de plaisir. Ce délicieux livre d’Anne Sylvestre serait parfait. Il est poétique, plein d’humour, riche de scènes très évocatrices et d’émotions variées. Dans cet univers tendre et volontiers taquin, le lecteur retrouve l’enfant qu’il a été. Et c’est bon. – CP


Anthologie de la poésie française, de Suzanne Julliard
Ed. de Fallois – 2002

"Vous pouvez vivre trois jours sans pain - sans poésie, jamais ! Et ceux qui disent le contraire se trompent : ils ne se connaissent pas." Ce livre est destiné à tous ceux qui partagent le point de vue de Baudelaire. S'ils se retrouvent un jour, comme Robinson, sur une île déserte, il leur donnera de quoi vivre longtemps. C'est une visite guidée de l’un des plus beaux jardins au monde : celui des poètes français. Le choix de l'auteur n'obéit à aucun a priori théorique -illustrer telle ou telle conception de la poésie- ou idéologique -écarter telle ou telle oeuvre à cause des sentiments qui l'ont inspirée. Les romantiques ont ici leur place autant que les classiques, les amours de Ronsard autant que les colères d’Hugo, et les vers de Péguy autant que ceux d'Aragon. Dix siècles. Plus de cinq cents poèmes. Pour chaque auteur, un texte introductif facilitant l'accès à son univers ou en prolongeant l'écho. Et au début de chaque siècle, une présentation de ses traits majeurs. Tout cela fait de ce livre, en plus d'une anthologie d'une étonnante richesse, une véritable histoire de la poésie française.

Même si le lecteur doit rester longtemps sur son île (d’ailleurs pas forcément déserte), dix siècles de poésie lui donneront de quoi s’occuper. Beaucoup de ces textes sont de vieux compagnons que nous avons tous étudiés à l’école et dont nous n’avions alors certainement pas perçu toute la richesse. Les redécouvrir d’un œil neuf est un vrai plaisir. – FB



Le guide de la survie douce en pleine nature, de François Couplan
Ed. Larousse – 2015

Notre environnement urbain est si souvent stressant que passer du temps dans la nature permet d’apaiser le corps et l’esprit, de retrouver une harmonie. Dans cet ouvrage, l’auteur donne conseils et techniques pour «survivre» en milieu naturel et se familiariser avec un environnement que l’on pense souvent hostile à tort. Avant le départ, il fournit de précieux conseil sur l’art et la manière de se préparer à aller vivre dans la nature, le matériel nécessaire, le choix du lieu et de la saison… Peu à peu, le lecteur apprend à s’orienter, se déplacer, se nourrir avec les plantes et champignons comestibles qu’il est susceptible de dénicher, à trouver de l’eau, à faire du feu pour cuisiner et se réchauffer, ou à choisir et organiser un lieu de bivouac. Et une fois de retour chez lui, il saura comment vivre le plus possible en autonomie. 

L’ethnobotaniste François Couplan connaît parfaitement son affaire et sait donner ses conseils de manière agréable. Point n’est besoin d’être naufragé pour profiter de ce guide, qui agrémentera une simple randonnée. Quant à l’art de faire du feu sans allumettes, c’est un excellent moyen d’arracher les enfants à leur sempiternel écran. – SW



Victor Hugo, par Alain Decaux
Ed. Perrin – 1984

Pour présenter cette biographie monumentale, rien de tel que de laisser la parole à Alain Decaux lui-même : «Connaître mieux Hugo. Ou plutôt le connaître. Tel fut le propos de ma vie entière. Aller plus loin que le "témoin", voire à son encontre, plus loin que la légende du poète de la République, de la barbe blanche et de l'art d'être grand-père. Répudier Épinal. Retrouver le quotidien au-delà du génie. Admettre la sincérité du révolutionnaire et le comprendre bourgeois. Croire à sa générosité totale et constater son amour de l'argent. Le voir vivre en leur absolu ses passions amoureuses et asservir la meilleure des amantes.
J'ai lu les lettres où il se met à nu, celles des hommes qui l'accompagnèrent, des femmes qui l'aimèrent. Je l'ai suivi dans Choses vues et l'ai découvert prodigieux journaliste. Je l'ai retrouvé dans les assemblées, l'ai admiré chantre de la seule vraie cause, celle de l'homme, polémiste féroce pour foudroyer les intérêts ou écraser les égoïsmes. J'ai lu les travaux innombrables d'innombrables érudits...
J'ai visité les lieux où il vécut, allant à Besançon aussi bien qu'à Guernesey, voulant voir le sommet du Donon tout autant que la Seine à Villequier, l'appartement de la place des Vosges comme la maison de Juliette. Il m'était cher, il m'est devenu proche.»

Ce livre figure depuis longtemps dans ma bibliothèque, mais je ne l’ai jamais lu en entier (plus de 1000 pages, tout de même…) et n’en ai parcouru que tel ou tel chapitre pour éclairer d’autres lectures. Si bien que j’oublie régulièrement où j’en suis, bien qu’il soit passionnant. Sur une île –de préférence déserte, mais Guernesey conviendrait aussi à merveille– peut-être aurais-je enfin le temps de m’y plonger pour de bon. – SW



Castaway, de Lucy Irvine
Ed. Belfond – 1987

"Ecrivain cherche Epouse pour un an sur une île tropicale.” Lucy Irvine avait 25 ans lorsqu’elle répondit en janvier 1981 à cette étrange petite annonce, et sa vie en fut changée à jamais. Moins d’un an plus tard, elle avait quitté Londres pour rejoindre un inconnu deux fois plus âgé qu’elle sur l’île déserte de Tuin, dans le détroit de Torres, entre Australie et Nouvelle-Guinée. Gerald Kingsland était un écrivain rêvant de vivre comme Robinson Crusoe, à ceci près que la cohabitation avec une jeune femme lui paraissait nettement plus alléchante qu’avec Vendredi. Lucy avait rêvé d’aventure. Mais les 13 mois qu’elle passa sur l’île n’eurent rien d’idyllique. Le couple avait dû se marier pour obtenir la permission de vivre sur l’île, mais il était on ne peut plus mal assorti. La vie sur l’île était rude et les vivres rares. Outre les disputes permanentes, il fallait compter avec la sécheresse, les maladies et de terribles blessures. Lucy est convaincue que sans l’intervention d’une tribu de l’île de Badu, qui finit par les ravitailler, tous deux seraient morts dans ce “paradis” illusoire. Le récit de cette histoire vraie a rencontré un grand succès Outre-Manche. Beaucoup moins en France (le titre original, conservé dans la traduction française, signifie «naufragés»). 

L’histoire de ce rêve devenu cauchemar et de cette obligation de solidarité pour survivre m’a passionnée. On a du mal à croire qu’il ne s’agit pas d’un roman, mais bel et bien d’un récit authentique. Il a aussi inspiré un film, à ma connaissance inédit en France. – SV



*Le guide de survie « seul face à la nature » de Guy Campbell –
Ed. Deux coqs d’or – 2015

Ce guide est destiné aux aventuriers en herbe rêvant de se sortir de situations extrêmes (ou presque !) dans la nature. Comment avoir les bons réflexes si nous nous échouons sur une île déserte ? Saurions-nous construire un abri, un radeau faire du feu, nous procurer de l’eau potable ou bien encore faire face à un crocodile ou un requin ?
Grâce à ce guide de survie drôlatique, bien différent de celui de François Couplan, la réponse est OUI ! Il nous apprendra à faire face à toutes les situations et nous rendra débrouillards et dégourdis !

Plein d’humour ! à lire et à relire sans modération. Aucune hésitation, c’est le livre que j’amène sur l’île. DM




Prochain rendez-vous :
Vendredi 19 mai  à 20 h


Sur le thème «Un roman, une bande dessinée parus l’année de notre naissance»

jeudi 20 avril 2017

Quelle ménagerie à l'Heure du Conte !


Trois magnifiques albums attendaient notre jeune public mercredi :





Comment cacher un lion à Mamie d’Helen Stephens

Iris a un ami incroyable : un lion, un vrai ! Il faut le cacher bien vite pour ne pas effrayer Mamie. Et si mamie avait aussi... un drôle d'ami ? 








Camille et Loane ont animé brillamment la lecture du deuxième album





Yok-Yok « une noix » d’Etienne Delessert

Dans la forêt un corbeau curieux ramasse une noix, la laisse tomber de haut et voilà qu'en sort un petit lutin au grand chapeau rouge... C'est Yok-Yok, enfin délivré du mauvais sort jeté par la fée Carabosse, il y a trente ans. Il est accompagné de ses deux amies Noire la Souris et Josée la Chenille : trois amis et le début de merveilleuses aventures.














Adieu chaussette de Benjamin Chaud

"Chaussette, c'est mon lapin buffle. Il est nul en foot et nul à la bagarre. Et surtout, je ne peux pas continuer à avoir un lapin comme meilleur copain : je ne suis plus un bébé ! J'ai donc décidé de m'en débarrasser."










L’heure du Conte a eu, une fois de plus, de nombreux spectateurs, 21 enfants et 8 adultes.







Le mois prochain, les animatrices de la Bibliothèque présentent un spectacle de marionnettes ! n’oubliez pas le rendez-vous



MERCREDI 3 MAI 2017

À 16H00